mercredi 22 juillet 2015


Le littoral de Dakar, au Sénégal, vu à travers le prisme d'une communauté : 
celle des pêcheurs Lébous de Dakar, de leurs femmes, de leurs filles, de ceux qui vivent ou travaillent avec eux. 

Pourquoi ces personnes revendiquent-elles leur identité ethnique au 21ème siècle, 
dans une capitale de plus de trois millions d’habitants ?
En quoi le territoire côtier est-il constitutif de leur identité ?

Vous pourrez naviguer entre 7 tableaux, 7 documentaires audio-visuels 
qui vous permettront de comprendre à quel point 
cette interface terre-mer est le ciment d'une communauté : 
la communauté léboue de Dakar, qui s'interroge 
sur l'amenuisement de ses ressources, et sur elle-même.




Depuis sa concession familiale, une femme léboue expose son point de vue sur l'évolution du littoral dakarois.

« Je m’appelle Maimouna Gueye, je suis née en 1942 à Dakar.
Ngor n’a pas changé, il est resté tel quel depuis que je suis petite.
Les gens sont solidaires, nous n’avons pas honte de notre situation, nous nous suffisons de ce que nous avons… c’est la première qualité des Lébous.
Les terres du village de Ngor appartiennent aux Lébous…
personne n'y demande d’autorisation de construire. 
Senghor avait voulu instaurer cette loi, ici, mais nous l’avons envoyé balader…
Abdoulaye Wade a volé nos terres aussi…
… oui je connais le littoral, maintenant le littoral pleure
parce qu’on a construit au bord de la mer.
Il y a des hôtels partout…
Souvent je vais me baigner à la mer, c’est bon et ça guérit beaucoup de maladies. »



La Presqu'île du Cap-vert et les anciens villages lébous.


La baie de Soumbedioune, après l'hivernage. Dakar. © I.Sidibé, 2014.


Les zones littorales sont soumises à la fois aux changements environnementaux globaux - comme l'élévation du niveau des mers, la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes, et à l’accroissement des pressions anthropiques régionales et locales.

En milieu urbain, ces pressions peuvent se traduire par des aménagements industriels, portuaires et touristiques, la valorisation des ressources halieutiques, et généralement une sur-occupation doublée d'une difficile maîtrise de l'aménagement du domaine public maritime.

Le littoral de l'agglomération de Dakar concentre ces deux phénomènes, auxquels s’ajoute selon moi un autre phénomène d'ordre culturel cette fois : la revendication d’une communauté minoritaire, populaire et marginalisée, les Lébous. 
Cette population se présente aujourd'hui comme le peuple autochtone de la presqu'île du Cap-Vert. 
Arrivés sur ce territoire autour du 15ème siècle, les Lébous délogèrent les Sérères vers la Gambie. 

Cette communauté de pêcheurs-agriculteurs avait établi des villages côtiers, et tous ces territoires sont aujourd'hui pris dans un tissu urbain très dense et en grande partie privatisé. Privée de l'agriculture, cette communauté reconstruit son identité autour de la pêche, mais aussi de son culte animiste.